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Réflexion sur la Bachata

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Réflexion Sur La Bachata


(Ce texte fait suite aux articles polémiques sur FB qui fustigent le présent et le devenir de la Bachata ainsi que les multiples compétitions qu'on y trouve)




Je ne m'appelle pas Reda, je m'appelle de mon nom d'emprunt AlmadeBaila, mais j'ai moi aussi un petit mot à dire sur la bachata et sur les concours de danse à l'instar de ce grand danseur que j'admire et qui a récemment fait le buzz sur cette question dans les réseaux sociaux ! C'est une réflexion de dimanche matin qui n'a surtout pas vocation à créer plus de polémiques, je sais à quel point les susceptibilités sont exacerbées lorsqu'on parle de passions… 

Dans cet écrit, je ne cherche pas à accuser, ni à juger, je cherche à expliquer pour « nourrir » la réflexion et mieux comprendre notre sublime passion.


Cette réflexion de dimanche matin démarre par plusieurs questions: 

Pourquoi, depuis quelques temps, dans les milieux Bachata, oppose t-on la danse sociale avec la danse de concours ? Et, pourquoi oppose t-on brutalement les différentes façons de la danser ? 


Les conservateurs hurlent à grands cris leurs mépris de ces nouvelles tendances de bachata, ne jurant que par la bachata dominicaine, la seule, l'authentique, et les autres bachateros veulent ignorer les origines de cette danse vieille d’un demi-siècle aux racines ancestrales séculaires. Répondre à ces questions me permettra de montrer à quel point la bachata est devenue, à mon sens, « LA » danse sociale populaire du moment, peut-être même la nouvelle danse de couple capable de détrôner, dans les chaumières des « non-danseurs », la place jadis réservée au Rock, au Chacha, au Mambo, à la Java, au Charleston et à toutes ces danses de couples ayants marquées leurs générations… La Bachata serait-elle la nouvelle héritière ?


Mais abordons tout d'abord le sujet des concours de Bachata et la question de leur opposition à la danse sociale…

Mon avis est clair, cette question n'a tout simplement pas lieu d'être parce que ce sont deux choses totalement différentes ! 

Dans toutes les danses, les concours ont tout simplement toujours existés. Il n'y a là vraiment rien d'étonnant, il est normal pour un danseur d'essayer de se dépasser et de rechercher pour cela le regard et l'approbation d'autrui. C'est une motivation pour aller encore plus loin dans la quête d'une perfection de sa danse. Il y a toujours eu du reste une réelle demande de ceux qui regardent et veulent voir des danseurs se confronter et se challenger entre eux.

Et puis il y a aussi les spectacles, les shows, là encore le spectateur est friand de ces événements, pour le plaisir des yeux, pour rêver un peu. Il ne faut pas oublier que la danse comme le chant est un art qui a vocation à être partagé. Quand on chante, c’est pour être entendu et quand on danse c’est aussi pour être regardé.

C'est un art de loisir ou professionnel avec différents moyens d’expressions et de réalisations. La vrai question, c'est le partage de cet art. On peut vivre la danse de multiples façons, sur une piste, dans le partage social, sur scène, pour des spectacles, ou encore dans la compétition, à la recherche de performance, il y a tant de moyen de partager et de ressentir avec la danse, tant de sensations différentes… Alors pourquoi s'en priver ?


Mais revenons à la question, pourquoi opposer danse sociale avec danse de concours en bachata ? Car cette question attends toujours sa réponse…

Il y a, à mon sens, une explication que l'on peut avancer… Je crois que la bachata est une danse plutôt facile à aborder, pas très compliquée à pratiquer comparativement à d'autres danses, c'est d'ailleurs aussi ce qui en fait son succès. Cette remarque concerne surtout les niveaux débutants et intermédiaires, on peut sans avoir un passé de danseur être, en 1 ou 2 ans, un très bon danseur de bachata.

C'est moins vrai avec la bachata traditionnelle, la dominicaine, qui est d'un abord beaucoup plus difficile, c'est une vraie danse « de pieds et de connexion » avec les difficultés techniques qui y sont liées.

Il ne faut pas se méprendre, je ne dis pas que la Bachata dans ses variantes autres que la dominicaine est toujours facile, ce que je dis c'est que pour commencer à bien la pratiquer... C'est plus facile !

Mais par la suite, quand on veut évoluer pour atteindre des niveaux avancés ou encore supérieurs, les choses deviennent comme pour toutes les autres danses extrêmement difficiles… Mais avant d’en arriver à ce niveau-là, la bachata, à mon sens, est une danse très accessible… Quelle en est la conséquence ?


Et bien, on retrouve beaucoup de compétiteurs potentiels de concours parmi les danseurs dits sociaux, alors que dans les autres danses, c'est moins facile pour le public amateur d'avoir le niveau nécessaire pour des concours. Dans les autres danses, les danseurs de concours ont des années de pratiques derrière eux, et sans catégories nivelées, les concours, généralement, plus relevés, sont la plupart du temps inaccessibles aux danseurs dits sociaux. Or, ce n'est pas ce qui se passe en Bachata ou la majeure partie des danseurs de concours peuvent être recrutés parmi les danseurs sociaux. Et voilà pourquoi depuis quelques temps, on assiste en soirée Bachata à de véritables dérapages… Beaucoup de danseurs sociaux confondent les pistes de danses et transforment la danse sociale en danse de concours…

Alors que la danse sociale est un partage radicalement différent, le rôle du danseur est de créer une interaction avec sa danseuse et d’adapter pour cela le niveau de sa danse et de ses passes, le seul objectif étant le plaisir de ressentir quelque chose entre les 3 partenaires que sont la fille, le garçon et la musique qui passe. On peut faire des mouvements très, très simples, et d’autres plus compliqués, du moment qu'on maintient une harmonie avec sa danseuse et que l’on « RESSENT » ce partage.

La danse sociale n’est pas le théâtre d'un partage d’émotions pour un public qui regarde, c’est un partage d’émotions entre deux êtres et une chanson…


Je voudrais essayer de ne pas juger, mais je ne peux m'empêcher de blâmer cette confusion entre pistes de concours et pistes de danses sociales, décrier ceux qui confondent le ou la partenaire avec qui on travaille des passes difficiles et l’inconnue d'une piste de danse qui passe, décrier ceux qui ne recherchent que la prouesse technique au détriment de ce partage, massacrant au passage les bras d’une fille ou la composition musicale. Décrier, également, tous ceux qui sacrifient la personnalisation et l'originalité de leur danse pour la dernière passe de festival. Et que dire de toutes ces filles qui finissent ou complètent nos mouvements parce que "c'est ainsi qu'il faut faire", les vidéos de Daniel & Désirée ou Korke & Judith en attestent !

Trop de danseurs de Bachata, aujourd'hui, ne se concentrent plus que sur l'enchainement de leurs passes, ne laissant plus le temps à d'autres partages, d'autres émotions… Un sourire, un regard…


Il ne faut pas confondre la danse sociale avec la danse de concours ou de spectacles, chacunes à leurs places, la danse sociale ne doit pas perdre son âme !



Pour poursuivre avec le thème des concours, je voudrai ajouter un point qui me tient à cœur… La Bachata ne fait pas partie de ces danses standards contrôlées et gérées par une fédération, du coup, les concours sont souvent organisés par qui veut bien les faire, comme les organisateurs de festivals ou ceux des lieux de danses sociales. Une organisation logique, naturelle, s'est faite même si on s'y perds dans la multiplicité des titres de champions de France ou du Monde (Social, couples libres ou choisies, improvisations, chorégraphies... Que sais-je encore).

Mais il faut que cet équilibre reste naturel car l'excès de concours amateurs comme on le voit actuellement est à proscrire. Je fustige ce manque d'une fédération capable de centraliser, d'unifier et d'harmoniser tous ces concours, il manque à l'évidence une fédération organisatrice compétente ! Certes, les concours de Bachata ont ainsi le mérite d’exister grâce à leurs différents organisateurs faisant vivre la discipline mais les fédérations de danses feraient mieux de s’investir un peu plus dans TOUTES les danses et pas uniquement dans leurs danses standards. C’est leur rôle de « fédérer » !

Il y a tant de choses à faire, une fédération pourrait imposer en Bachata, un système de points de classement individualisés comme en West Coast Swing avec un registre centralisé accessible à tous, ce serait tellement plus fun et plus juste. Pour plus d'équité, une fédération permettrait de créer différents niveaux de concours (débutants, intermédiaires, avancés), comme on le voit en rock ou dans d’autres danses, il y a tant de choses à faire… En attendant de voir celà, je remercie ces organisateurs de festivals et de soirées qui nous permettent d’assister à de tels spectacles pour notre grand plaisir. 



Voilà pour les concours… Que dire de plus sur la bachata ?

C’est une danse incroyable, à la fois vieille et jeune qui mue en permanence. Elle est capable de s'enrichir de multiples variantes, elle est toujours en plein développement. C'est une grande richesse pour une danse de pouvoir être dansée aussi différemment avec de telles variantes de rythmes et tempos, ça me fait presque penser au West Coast Swing, qui dès le départ a été conçu pour s’enrichir des autres danses et surtout offre la liberté de danser sur des répertoires musicaux très large ! C'est certes absolument pas comparable avec la bachata, mais le principe de cette extension de la bachata sur des univers musicaux qui s'élargissent me laisse penser qu’on s’en approche. On passe de la bachata dominicaine à la sensuelle, puis la moderne, l'urbaine, la fusion, la bachatango, la black bachata aux variantes hip hop, à la multiplicité et la diversité de tous ces remix avec rythmique bachata. Pourra-t-on, ainsi, un jour, adapter et danser la bachata sur toutes les musiques ?

C'est un pas que je ne franchirai pas, je ne suis pas expert en musique et en évolution des danses, mais je crois que le pas de base de la bachata est un trop grand frein pour cela, ce pas cadencé est forcément limité… Mais il est tout à fait possible d'imaginer une nouvelle danse avec un nouveau pas de base qui fusionnerait diverses danses incluant de la bachata…

Je ne peux m’empêcher de penser, en cet instant, que c’est une question que j’aurais aimé poser à Tinan LEROY, il aurait sûrement la réponse… Tu vois, je pense encore à toi Tinan…


Il est temps de terminer cet article, il est temps de conclure cette réflexion de dimanche matin… Avant d’aller acheter mon pain ! 


En conclusion, il n’y a rien d’anormal à ce qu’une danse évolue du moment qu’elle garde le respect des traditions qui l'ont fait naître, bien au contraire ! La Bachata trouve ainsi le moyen de toucher un public encore plus large aux sensibilités différentes, c’est une chance et une grande force que de faire partager à d’autres encore plus nombreux ce qui a pu faire du bien à nos ainés et à nous aujourd’hui, comme à ceux qui nous suivront… Concernant les concours, vous m’avez compris, je n’ai rien de plus à ajouter, ils sont un moyen diffèrent de vivre la passion, complémentaire, et pas opposable à d'autres… La seule règle étant pour le danseur social de ne pas confondre les différentes pistes de danse !!


Il est 13h11, nous sommes le 25 Octobre 2015, je ne suis pas douché, ni habillé, il est temps d’acheter mon pain car la boulangerie va fermer… Mon amie Cindy va venir cet après-midi pour s'entrainer et danser avec moi… Quelle belle journée !




Didier


COMMENTAIRES

Max <ndzmarcelin@gmail.com>

(vendredi, 08. septembre 2017 21:54)

Génial !!! bien dit, bien écris !! :D merci pour cet article qui m'éclaire d'avantage et qui me donne un beau et bon discours à partager avec les autres passionné! :)


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