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de

Danse


Les angoisses

Réflexions

Les Angoisses


Rien ne m’insupporte plus, aujourd’hui, que les angoisses inutiles, à quoi servent-elles ?


Quand elles sont une alerte et nous font réfléchir plus longtemps à un problème pour ne pas commettre d’erreur ou éviter un danger, je peux les comprendre et les accepter car elles ont une utilité (du moment qu’elles ne sont pas disproportionnées). Mais quand ces angoisses ne servent à rien d’autre que nous torturer en ne pouvant rien changer ?


Il faut bannir ces angoisses inutiles !


Quelques exemples …


« J’ai peur de rater mon train… »

Cette angoisse est utile car on peut du coup être plus vigilant en s’entourant de plus de précautions, ou bien,

« J’ai peur de voir mon enfant traverser la rue (et je suis juste à côté de lui)…»

Je peux donc l’accompagner et ainsi me rassurer pour le mettre encore plus en sécurité, ou alors,

« Mon mari est au brésil pour affaires… Je veux qu’il revienne car j’ai peur qu’il lui arrive du mal »

çà semble un peu gros, mais son époux peut l’écouter et revenir…

« Mon fils n’est pas encore rentré de sa soirée en discothèque… »

Il est possible de l’appeler ou d’aller le chercher…


Conclusion même si ces angoisses peuvent paraitre disproportionnées, je les comprends dans la mesure où elles peuvent avoir une utilité laissant la possibilité d’agir, d’intervenir, pour prévenir des problèmes éventuels.

Était-ce bien nécessaire ?

C’est une autre question, car je ne veux surtout pas laisser comprendre que c’est comme çà qu’il fallait procéder, cela veut juste dire que ce sont des angoisses qui peuvent conduire à une action préventive possible.



Prenons maintenant d’autres types d’angoisses…


« Je n’arrive pas à dormir car j’ai peur que l’avion dans lequel mon époux a embarqué s’écrase »

Cette fois ci, l’angoisse est inutile car il est impossible de vérifier que l’avion est en bon état ou de l’arrêter en plein vol pour faire descendre le mari… Ou

« Et si mon fils avait un accident de voiture, il est sorti cette nuit »

Impossible de protéger l’enfant contre un éventuel accident à moins de lui interdire de sortir pour toujours et de ne jamais prendre une voiture… Ou

« J’ai peur que mes parents fatigués décèdent un jour prochain »

Totalement inutile, qui peut prédire un tel évènement ? Et surtout comment l’éviter ?…

Ce sont les exemples qui me traversent l’esprit, ce ne sont peut-être pas les meilleurs, mais l’idée à retenir, c’est qu’une angoisse qui ne peut déclencher aucune action préventive ou si l’action préventive est totalement inadaptée voire complètement saugrenue, cela signifie que ces angoisses ne conduisent a aucune action logique, de nature à rassurer ou protéger…

Alors, en conséquence, il faut bannir ces angoisses inutiles pour la simple et bonne raison qu’elles nous pourrissent la vie et qu'elles sont inutiles !


Je sais bien que génétiquement nous ne sommes pas égaux, certains sont mieux armés que d’autres, je sais que c’est une histoire de neurobiologie, l’amygdale alerte, l’hippocampe traite et le cortex préfrontal interprète, sans oublier l’influence des hormones et en particulier celle du Cortisol dans le processus des peurs. Mais je sais aussi que la neuroplasticité existe et que la mécanique des pensées peut aider à « reprogrammer », éduquer notre cerveau pour comprendre qu’il ne sert à rien de s’angoisser si cela ne mène a aucunes actions utiles possibles.

Et oui, il faut éduquer notre cerveau et c’est d’ailleurs une grande partie du travail des Psys via différentes techniques…

On peut donc apprendre à lutter contre les angoisses inutiles, il n’y a pas de fatalité !


Je connais d'autant mieux les angoisses que j’ai moi-même été un adolescent et un jeune adulte angoissé, j’étais et je suis encore phobique, j’ai également vu autour de moi comment une personne angoissée peut gâcher ses instants de vie et, par ricochets, ceux de ses proches. Car les angoisses de l’autre finissent toujours par vous atteindre, en devenant vôtre ou en finissant par vous rendre la vie, à vous aussi, insupportable.


On peut parfois entendre, par exemple,

« Mais si je m’angoisse mon chéri, c’est parce que je pense à toi et que je t’aime, j’ai peur qu’il t’arrive quelque chose…»

Certes, mais ces angoisses ne sont pas celles « du chéri » ce sont celles de « la chérie » (ou vice et versa). Et je ne suis pas d’accord, quand on aime quelqu’un pourquoi penser qu’il peut lui arriver quelque chose de mal ?

On ne peut être qu’heureux pour lui, s’il fait quelque chose qui lui plait et on ne peut pas l’enfermer sous prétexte que nous l’aimons, que nous le protégeons, de… Je ne sais quoi du reste ?

Quand on a ce comportement, finalement, ce n’est pas à l’autre que l’on pense mais à Soi et on a peur pour Soi car on se dit et s’il lui arrivait ceci… Cela… Que deviendrai je ? C’est de l’amour certes mais de l’amour de Soi et pas de l’Autre et c’est vouloir faire supporter ses propres angoisses à celui que l’on aime sous prétexte que s’il fait ce que nous lui demandons de faire cela nous soulagera. Et voilà comment l’Amour de celui qui angoisse ne fait pas de bien à celui qui est aimé et le rend au contraire esclave… Un paradoxe !


J’ai pu voir aussi dans mon environnement professionnel et privé à quel point le processus des angoisses, cette fois ci pathologiques (quand elles atteignent un degré extrême), pouvait handicaper voir détruire la vie d’êtres qui nous sont proches. Je suis même, aujourd’hui, convaincu que dans les maladies psychiatriques les angoisses ne sont pas qu’une seule comorbidité d’un trouble psychotique ou névrotique, je pense le contraire, elles sont très souvent le facteur premier et si on luttait efficacement, en amont, contre ces angoisses, je reste persuadé que beaucoup de ces maladies pourraient être enrayées (Dépression, bipolarité, psychose).


Pour montrer à quel point les peurs conduisent à faire, ou dire, n’importe quoi, je vais vous raconter un exemple personnel devenu aujourd’hui une histoire plutôt rigolote…

Je me souviens qu’il y a 10 ans j’avais choppé un virus qui m’avait cloué au lit pendant presque 2 mois. J’avais de grosses douleurs et courbatures, des poussées de fièvre, des sudations abondantes et constantes (les draps étaient toujours trempés), des aphtes énormes (1cm), des plaques sur le corps, une fatigue extrême à ne plus pouvoir bouger, je ne mangeais plus, je parlais difficilement… Je passe sur la litanie des symptômes encore nombreux… Et je vous fait partager quelques anecdotes, aujourd’hui, devenues très drôles…

Je me souviens, par exemple, de cet ORL « boucher » qui m’avait presque arraché la langue, avec une énorme pince, à force de tirer dessus et qui avait terminé sa consultation en me demandant, devant ma femme, de faire le plus vite possible un test de Sida… Je me souviens aussi que mes amis ne voulaient plus rentrer chez moi car ils craignaient d’attraper le mystérieux virus, je me souviens qu’un jour, quand je commençais à aller mieux, une amie avait sonné à ma porte pour rapporter un objet. J’avais réussi l’incroyable exploit de me lever et d’aller ouvrir la porte… J’en étais si fier, je commençais à redevenir moi-même et à sortir de cette maladie… Quelle ne fut pas ma surprise quand, arrivant sur le pas de la porte, je vis mon amie fuir à ma vue en prétextant que sa voiture était en double file et qu’elle ne pouvait pas s’attarder… J’étais devenu un «indésirable», je faisais peur, une sorte de pestiféré qu’il fallait garder en isolement… Je me souviens aussi de mon frère religieux qui avait insisté pour venir à mon domicile me faire les prières devant mon lit…

Bref, j’arrête ces anecdotes et je reviens à mon histoire… Après avoir éliminé différentes causes, les médecins désemparés ont suspectés un lupus, je devais me faire hospitaliser en médecine interne à la Pitié-Salpêtrière.

Ma femme, totalement affolée, avait recherché sur internet les différents lupus et un jour elle m’annonça, larmoyant sur le bord de mon lit, que le mien, « mon lupus » (les symptômes étaient formels), me conduirait à être aveugle dans les 3 mois et mort au bout de 6 mois… Imaginez la scène… Il se trouve que je n’ai pas eu le temps d’être aveugle car mon virus est partit à la fin du 2-eme mois et évidemment je n’en suis pas mort puisque je vous raconte cette histoire aujourd’hui…

Tout çà pour dire que ma réaction à ce moment-là a été de consoler ma femme, il fallait voir la scène, avec le recul c’était vraiment drôle et on en rit beaucoup aujourd’hui… Celui qui aurait dû s’effondrer devant une telle annonce, c’était plutôt moi, mais qu’aurai-je pu faire ? Rien… Il faut aussi parfois être fataliste. Il ne restait qu’à vivre ces derniers 6 mois du mieux possible. « Le Mektoub » comme disent les peuples arabes…

Sauf que je n’ai jamais eu ce virus et cette angoisse a été inutile, pour revenir à mon propos initial, car il n’y avait rien à faire, mais surtout parce qu’au final, je n’avais rien, ce n’était pas un lupus, juste un virus coriace !!!


Un autre exemple…

Si vous voulez annoncer une bonne nouvelle à quelqu’un mais que vous n’avez pas de bonne nouvelle, c’est dommage !

Et bien, qu’à cela ne tienne, annoncez lui une mauvaise nouvelle,

un mensonge, une peur qui génère une angoisse du genre «Chérie, j’ai perdu mon portefeuille et j’avais à l’intérieur les 1000 € que je devais rendre à ma sœur…

Je ne le retrouve pas»

30mn plus tard,

« IL EST LAAAA … »

Et hop la chérie soulagée est toute heureuse, çà devient une bonne nouvelle !


C’est extrêmement difficile de lutter contre ces processus de peur mais, plus j’y pense, plus je les vois à l’œuvre, et plus les angoisses m’insupportent !


Pour conclure, je dirai que la vie est fragile et suffisamment compliquée comme çà, alors pourquoi s’embarrasser inutilement de ces tares supplémentaires qui vont nous pourrir les moments où nous pourrions être bien ?


Il faut avoir l’intelligence pour le comprendre et la force morale de lutter afin d’éduquer notre cerveau dans le but de VIVRE, libéré de nos peurs, le mieux possible… C’est déjà si souvent difficile.

Bien sûr, un monde ou une vie sans angoisses est évidemment impossible et de toute façon pas souhaitable car les angoisses dans le règne animal comme dans l'univers des Hommes protègent réellement (je l’ai déjà expliqué dans mon article sur les Peurs) et amène à réfléchir sur nous-mêmes et par là même nous font évoluer… C’est la démesure, l’excès qu’il faut proscrire.


A bon entendeur… Et s’il fallait encore le répéter, A BAS LES ANGOISSES

(encore une fois inutiles) !!!




Didier


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